Tuesday, September 22, 2009

THE THREE CAPITAL EVILS OF HAITI

EPILOGUE

EPILOGUE
The G. O. P.-EN’S SON
by Don Camilo

The G.O.P.-EN Family has several sons
That I know well
But there is one
I never knew
That I just began to know
His name is Wilson
His fans call him Son
Of a gun
His opponents call him Grandson
Of the Ku Klux Klan
He Hates the Sun
When he sees the Sun rise
Fire comes to his muzzle
He barks like a mad dog
And makes his peers frightened
Fortunately he is not unleashed
Thank God
Could you imagine the great disaster
People would face
If he was unleashed


September 10, 2009

lafondation@aol.com



Monday, September 21, 2009

ÉCHOS

ÉCHOS D’HAITI ET DE LA DIASPORA
Par Carlo Cantave
Le drame des “Boat People” continue

Au mois de Mai, un bateau venant des Iles Bahamas, transportant des haïtiens a fait naufrage sur les côtes de la Floride. Il y a plusieurs morts. Sept rescapés ont été hospitalisés et le reste enfermé à la prison de Krome.

Au mois de Juillet, le même phénomène s’est reproduit. Une petite embarcation a fait naufrage dans les parages des Iles Turques. On a trouvé quelques corps qui n’ont pas été engloutis dans l’océan. Les rescapés ont été rapatriés. Un jeune homme dont la photo a été publiée dans les journaux américains New York Times et News Day a déclaré qu’il tentera à nouveau sa chance puisqu’il n’y a aucun espoir dans ce pays.

On se rappellera qu’en 1978 la chaîne de télévision ABC avait montré le mauvais traitement infligé aux Haïtiens qui arrivaient à Cayo Lobos par la police Bahamienne. Cette action avait provoqué la réprobation générale des Haïtiens vivant à New York. Une série de manifestations a été entamée contre le régime de Duvalier. Les actuels dirigeants ne font pas mieux alors qu’ils étaient des critiques acerbes du précédent régime.


À Propos du Salaire Minimum

Depuis deux ans, on discute à la Chambre Basse une loi proposée par le député Steven Benoît pour porter à 200 gourdes le salaire minimum de 70 gourdes.

Finalement, la loi a été votée par le parlement et acheminée au président de la république pour publication.

Après avoir entendu les patrons, le président a fait objection à la loi. Il a proposé 125 gourdes pour les ouvriers de la sous-traitance et 200 gourdes pour les autres, ce qui est ridicule, car un salaire minimum doit englober tous les ouvriers. En Haïti tout se fait puisque c’est un pays surréaliste. Alors après beaucoup de démagogie les députés se sont réunis et ont voté 38 contre 31 pour la proposition du président.

Les députés représentent les intérêts du peuple et non pas ceux du président. Ils ont failli à leur mission. Le peuple a pris note, car il a manifesté son mécontentement. Il prendra en temps opportun la décision qui s’impose face à la trahison de ses prétendus mandants.


L’Université a Emboîté le Pas

La gangrène qui ronge le pays s’est étendue a l’université. En effet, depuis quelques mois, la faculté de médecine ne fonctionne pas, des étudiants ayant occupé le local. Finalement le décanat a fait appel à la police qui est intervenue pour les déguerpir. A l’annonce de la reprise des cours, il y a eu un tohu-bohu et la police a du intervenir à nouveau.

À la faculté d’ethnologie des étudiants ont pris la rue et lancé des pierres contre des véhicules passants, brisant leur pare-brise. Ce genre de comportement est indigne des gens qui fréquentent l’Université qui est un lieu de réflexion et non pas de désordre. Alors on peut se demander si ce pays n’est pas irrémédiablement foutu.


À Propos de la Constitution

La constitution de 1987 n’a jamais été appliquée. En effet, le régime Lavalas n’a pas eu le souci de mettre en place des institutions qui devaient promouvoir le changement que le pays souhaitait. Au contraire, il s’est évertué à établir une sorte de présidence à vie en organisant des élections frauduleuses à chaque échéance électorale. Ce sont les élections organisées par René Préval en 2000 pour Aristide et sa clique qui ont conduit le pays dans la situation actuelle d’occupation décrétée par l’ONU maintenant. Il se contente de jouer le rôle de Sudre Dartiguenave, sans aucun souci de rétablir la souveraineté du pays. Il continue à pratiquer les manœuvres politiciennes. Après avoir rempli le Sénat avec ses acolytes, il a poussé le parlement à adopter, deux jours avant la fin de la session, un projet de changement de la constitution.

L’auteur du projet, Claude Moïse parle tantôt d’amendement, tantôt de révision, on ne sait pas exactement de quoi il s’agit. Peut-être qu’à l’avenir on aura des précisions. Toutefois, modifier la loi mère du pays est un fait extrêmement important auquel toutes les forces vives du pays devaient participer. Attendons la nouvelle législature pour voir ce qui va se passer.


Le Peuple Haïtien Aura Justice Un Jour

Un juge chilien vient de mettre en accusation 129 personnes qui avaient commis des crimes contre le peuple durant la dictature de Pinochet entre 1973 et 1990.

La police dominicaine vient de procéder a l’arrestation du chef de gang de Cité Soleil dénommé Amaral Duclona soupçonné de l’assassinat du consul honoraire de France qui se rendait au Cap-Haitien. Il sera transporté en France pour être jugé étant donne que la justice est inexistante en Haïti.

Le tour des auteurs de crimes commis de 1957 à nos jours arrivera certainement.


À Propos De l’Asile Temporaire pour les Haïtiens

Depuis le début de cette année des manifestations ont été organisées en Floride et à Washington pour réclamer la demande d’asile temporaire pour les haïtiens. En effet, les citoyens des pays tels que : le Salvador, le Honduras, le Nicaragua, la Somalie et le Soudan, qui ont subi des catastrophes naturelles et troubles civils ont reçu l’asile temporaire. Pour les haïtiens, aucune décision n’est prise au cours de la semaine du 15 septembre. De nouvelles manifestations ont eu lieu en Californie, Floride et Washington pour faire pression sur l’administration d’Obama pour se pencher sur le cas des haïtiens. Nous gardons l’espoir que le sort de nos compatriotes sera pris en considération.



Images d’Haïti

Tandis que la population périclite dans la misère la plus abjecte, les tenants du pouvoir s’enrichissent. Ils sont tellement sans scrupule, ils ne peuvent pas justifier la disparition des 175 millions de dollars de Petro-Caribe. N’était-ce la présence sur le terrain des organisations internationales de charité, les gens abandonnés à leur sort n’existeraient plus. Ces photos se passent de commentaire.

Saturday, September 5, 2009

ÉDITORIAL

ÉDITORIAL

HAÏTI, UN PAYS COMPLÈTEMENT DESTABILISÉ

La situation que confronte Haïti actuellement est le résultat de la mauvaise gouvernance qui remonte à 1957. En effet, depuis l’arrivée de Duvalier, il a procédé systématiquement à l’élimination de toutes les organisations politiques, professionnelles et culturelles. Il se considérait comme le seul maître à penser.

C’est ainsi qu’en 1959, il a dissous le Syndicat des Maîtres de l’Enseignement Secondaire (UNMES) et révoqué la majorité de ses membres, sonnant ainsi le glas de l’enseignement secondaire qui continue à péricliter jusqu’à nos jours. L’année suivante, il a éliminé l’Union Nationale des Étudiants Haïtiens (UNEH) et l’Union Intersyndicale d’Haïti (UIH), livrant les ouvriers à la merci des patrons.

Avec la détérioration de la situation politique, les gens commencent à quitter le pays. L’exode s’est accentué durant les années 1963-1964. En 1965, le pays a reçu le coup de grâce avec le départ pour l’Afrique du corps enseignant. En 1968, c’est le tour des ouvriers qualifiés et des artisans. Le dernier support du pays, la paysannerie commence à quitter, en 1976, vers la Floride dans de petites embarcations ; d’où l’appellation de « boat people ». À la fin du régime, en 1986, toutes les structures du pays étaient ébranlées.

Il fallait agir vite pour mettre en place de nouvelles structures. Malheureusement, l’armée qui a hérité le pouvoir n’avait ni la compétence, ni la vision pour résoudre cette quadrature de cercle. Les pays tels que les Philippines et l’Indonésie qui ont renversé les dictatures de Marcos et de Suharto n’ont pas eu le même sort qu’Haïti parce qu’ils avaient des gens conscients et capables pour gérer la situation.

De 1986 à 1990, le pays était à la dérive. Finalement, le régime Lavalas est arrivé au pouvoir. On est tombé de Caribe en Scylla. Ce régime a donné le coup de grâce au pays en parachevant le travail de son prédécesseur. Haïti est totalement en ruines.

Pour retirer le pays de l’ornière, l’improvisation n’est plus de mise. Alors, il faut que les gens compétents, honnêtes et capables s’affirment pour dire que 20 années de dérive Lavalas, c’est assez et s’organisent en vue de prendre le pouvoir. C’est la dernière chance qui reste.

Carlo Cantave

Wednesday, September 2, 2009

La Constitution de 1987

La Constitution de 1987 : bouc émissaire

Pour Syl et son encourageant réconfort

Personne ne veut vivre dans une société où la règle de droit cède la place à la loi du plus fort et à la corruption Ce n’est pas de la démocratie, c’est de la tyrannie, même si de temps en temps on y sème une élection çà et là, et il est temps que ce style de gouvernement disparaisse.

(Président Obama)

La constitution de 1987 : bouc émissaire

Le Larousse du XXe siècle définit ainsi bouc émissaire :

Chez les Juifs, à la fête des Expiations, on amenait au grand prêtre, un bouc sur la tête duquel il étendait les mains, et qu’ il chargeait, avec des imprécations, de toutes les iniquités d’Israël. Ce bouc était ensuite conduit sur les confins du désert, et chassé au milieu des cris de tout le peuple.

L’expression bouc émissaire est devenue proverbiale pour désigner une personne sur laquelle on fait retomber toutes les fautes, à laquelle on impute tous les torts, et qu’on accuse de tous les malheurs qui arrivent .

On n’ a pas besoin d’être grand clerc pour conclure que c’est le sort fait à la Constitution de 1987.

En effet, le président Préval , et à sa suite ses acolytes, a déclaré à maintes reprises que cette constitution était responsable de l’instabilité politique qui débouche sur la crise économique

en empêchant les investissements étrangers, une instabilité qui est un obstacle à la construction du pays et plus particulièrement l’article 134-3 : « Le président de la République ne peut bénéficier de prolongation de mandat, il ne peut assumer un nouveau mandat qu’après un intervalle de cinq (5)ans. En aucun cas, il ne peut briguer un troisième mandat ». Une constitution responsable du néolibéralisme qui enrichit les riches et appauvrit encore plus les pauvres, qui enrichit les dirigeants au détriment des masses . Une constitution responsable du déboisement, de la destruction de l’écologie. Une constitution responsable de la pollution des rues, des rivières et de la mer. Une constitution responsable du trafic des drogues . Une constitution responsable de la corruption généralisée.

On en croit pas ses oreilles, ou ses yeux. Voilà un citoyen, qui sort d’une complète obscurité en 1990, pour occuper pendant près de vingt ans (1991-2009), à l’exception peut-être de la

période d’exil doré (1992-94), une place prépondérante sur la scène politique, comme Premier ministre, Président de la République deux fois, grand manitou durant la présidence d’Aristide, qui se plaint d’une instabilité le condamnant à ne rien foutre. Mais comme dit le dicton : plus le diable en a, plus il veut en avoir. Il faut donc amender cet article gênant. D’où ce que nous appelons le piège des amendements constitutionnels.

Le piège des amendements constitutionnels

L’article 134-3 a été introduit comme un rempart contre la présidence à vie, contre la volonté d’un président de se faire réélire à l’expiration de son premier mandat( possibilité de dix ans de pouvoir) et de faire élire son successeur(possibilité de dix autres années). Un cycle infernal capable de garantir vingt ans de pouvoir, par personne interposée. Un cycle où se profile le spectre de la présidence à vie des Duvalier. Le président sait qu’un tel amendement tentera des candidats assoiffés de pouvoir, des partisans fanatiques et des juristes complaisants. Il choisira donc méticuleusement les membres d’une commission à laquelle il laissera le soin de recommander d’autres amendements concernant la double nationalité, la perte de la nationalité haïtienne etc. que souhaitent les Haïtiens. Ainsi la pilule sera-t-elle dorée pour être avalée sans grande difficulté. Beaucoup , pour des raisons diverses, semblent être tombés dans le panneau, dans ce piège astucieusement préparé. Nous faisons confiance aux patriotes , aux masses haïtiennes qui verront clair et s y’opposeront.

Nous avons durant de longues années appuyé la lutte des Malcolm X, Martin Luther King Jr, Langston Hughes, et d’ autres défenseurs, moins connus, des droit civils et économiques des masses noires , nous avons voté Obama. Malgré nos réserves quant à sa politique extérieure de maintien inconditionnel de l’empire américain nous sommes d’accord avec certaines de ses prises de position dans son discours au Ghana. Comme nous l’avons proclamé dans notre article « Démanteler la corruption et construire Haïti par nous-mêmes »( Haïti Liberté 2-8 décembre 2008 ; AlterPresse 9 décembre 2008 ; La Fondation Summer/Fall 2009) et d’autres écrits qui précèdent son discours, nous pensons aussi qu’ :

Il ne s’agit pas seulement d’organiser des élections – il faut voir entre les scrutins. La répression revêt de nombreuses formes et trop de pays même ceux qui tiennent des élections, sont en proie à des problèmes qui condamnent le peuple à la pauvreté. Aucun pays ne peut créer de richesse si ses dirigeants exploitent l’économie pour s’enrichir personnellement, ou si des policiers peuvent être achetés par des trafiquants de drogues…nous avons vu de multiples exemples de gens qui prennent leur destinée en main et qui opèrent des changements à partir de la base… l’histoire est du côté de ces courageux Africains et non dans le camp de ceux qui se servent de coups d’Etat ou qui modifient les constitutions pour rester au pouvoir. L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais de fortes institutions.

Conclusion

On se demande perplexe quelle est la réelle politique du Président Obama face à la conjoncture haïtienne qui n’est guère différente de celle décrite dans la citation précédente. Il affirme que

« L’Amérique ne cherchera pas à imposer un système quelconque de gouvernement à aucune autre nation. La vérité essentielle de la démocratie est que chaque nation détermine elle-même son destin. ». Que voyons-nous ? Le gouvernement américain donne son agrément au choix de l’ONU qui désigne l’ex-président Clinton comme émissaire spécial pour le dénouement de la crise haïtienne. Un Clinton qui se pose en maître et seigneur. Un Clinton qui avait exigé pour le retour d ‘Aristide, en Haïti en 1994, la privatisation des plus grandes entreprises publiques de l’Etat haïtien. Sans compter que le jour n’a jamais pu se faire sur les concessions accordées par la suite à Hillary Clinton et aux Kennedy pour une agence de télécommunications en Haïti. La faute en est à la Constitution de 1987. Que faut-il donc en faire. ? L’amender ou écrire une autre constitution ? Les amendements semblent la voie la plus facile. Nous nous limiterons à l’analyse de l’amendement de l’article 134-3 proposé par la Commission constitutionnelle qui se lit comme suit (page 44) :

Observation

Nous avons pensé que le Président en soumettant son bilan pour briguer un second mandat, dans la foulée, offrirait le plus de garanties de s’approcher d’une obligation de

résultat.

Proposition de reformulation

Le Président de la République ne peut bénéficier de prolongation de mandat. Il peut cependant être réélu pour un second mandat. En aucun cas, il ne peut briguer un troisième. Aucun président ayant été élu deux fois ne peut briguer un troisième mandat.

Le rédacteur du rapport, malgré sa compétence juridique et son habileté politique, n’arrive pas à trouver un langage clair et précis pour légitimer cet amendement. Il utilise donc des euphémismes comme « observation » pour justification, « proposition de reformulation » pour amendement. Au lieu de dire tout franchement que le Président à l’expiration de son premier mandat peut immédiatement briguer un second mandat, on recourt à un langage sibyllin et emphatique « le Président en soumettant son bilan pour briguer un second mandat, dans la foulée( ?) offrirait le plus de garanties de s’approcher d’une obligation de résultat ». Le Président ne doit-il pas s’approcher à pas feutrés ? Le clou de la proposition de reformation est qu’il suffit de supprimer l’intervalle de cinq ans prévu dans l’article 134-3 pour rétablir la stabilité politique. Cet intervalle de cinq ans n’a pas empêché « la présidence-chaises musicales » qui a permis aux marasa de monopoliser le pouvoir pendant vingt ans . Mais son omission facilitera la répétition d’une telle présidence avec ses conséquences néfastes.

Nous espérons que le peuple haïtien convaincu du mobile d’un tel amendement s’y opposera de toutes ses forces et obligera les dirigeants à y renoncer.

Franck Laraque

Professeur émérite, City College, NewYork

Un Accroc International

Un accroc international mis sous le boisseau

Jusques à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ?

J’ai lu avec intérêt et attention, dans le Coin de Carl, la relation du Congrès de la Diaspora Haïtienne à Miami du 6 au 9 août 2009 et les débats auxquels il a donné lieu. Carl observe avec justesse que les Haïtiens malgré des années en Amérique n’accordent pas aux autres le droit de critiquer. Mais ce n’est point ici l’objet de mon propos. Roosevelt Jean-François a, dans les Minutes du Congrès de Miami, décrit objectivement, ce me semble, le déroulement de ce congrès. Il relate un malheureux incident survenu , un impair monumental commis par un « membre du cabinet » de l’ancien Président Clinton et entériné par les intervenants. Voici comment, dans un passage des Minutes, Jean-François nous confie avec un brin d’humour un tel accroc :

Les propos du Premier Ministre étaient entrecoupés d’applaudissements venant de la
satisfaction du public présent dans la salle.
Entre-temps, un membre du cabinet Clinton fait signe de la main au Dr Lauredan pour venir le trouver en coulisses . Vraisemblablement, il a fait savoir à Lauredan d’aller sur le podium pour demander au Premier Ministre de raccourcir son intervention. Lauredan a passé le message à Moïse ( Président du congrès) qui a acquiescé de la tête. Moïse a
gravi le podium en glissant légèrement ses pas vers le Premier Ministre qui parlait. Il a tapé l’épaule gauche du Premier Ministre qui a dû suspendre momentanément son discours et lui a chuchoté quelques mots à l’oreille.
Le Premier Ministre a dû bâcler la fin de son intervention soulignant qu’on lui a demandé de terminer pour faire place au Président Clinton. Ce qui a déclenché un certain malaise.

La réaction des Haïtiens à la hardiesse de l’assistant de l’ancien Président Clinton, maintenant malgré ses titres et sa renommée, un émissaire de l’ONU en Haïti, est époustouflante. Dr Moïse , président du congrès, ne répond pas à l’assistant de Clinton que son intervention est inacceptable, Madame Pierre-Louis étant le Chef du gouvernement haïtien. Celle-ci, humiliée, ne rejette pas d’un revers de main l’audace de l’assistant de Clinton. Obéissant au diktat de Clinton, elle a bâclé « la fin de son intervention soulignant qu’on lui a demandé de terminer pour faire place au Président Clinton. Ce qui a déclenché un certain malaise ». Le public haïtien ne s’est pas mis debout pour exhorter, dans un sursaut de dignité nationale, le Premier ministre à continuer son discours sans aucune restriction. L’assistance n’a ressenti qu’un certain malaise. La plus grande obséquiosité prévaut ainsi du plus haut au plus bas de l’échelle. La vénalité
semble conseiller à ceux qui tendent une main mendiante pour quémander l’aumône de plier l’échine s’ils veulent recevoir la manne internationale. Là ne s’arrête pas la tragi-comédie, elle est en si bon chemin. Le Président Clinton, malgré l’impardonnable intervention de son assistant prétend sans tiquer « qu’il ne va pas s’immiscer dans la politique interne (d’Haïti) ». Personne de l’assistance pour l’interroger sur la contradiction flagrante entre son affirmation et
l’ accroc au protocole international causé par un membre de son entourage . Tout est mis sous le boisseau, jeté aux oubliettes.

Triste, pitoyable, écoeurant, m’écrivent des amis consternés. Réalité fort compréhensible, néanmoins, lorsque les dirigeants haïtiens, incompétents et prédateurs, monopolisent le pouvoir et mènent la danse, la valse des dollars alors que les masses crèvent de faim , alors qu’un misérable salaire minimum de 200 gourdes est refusé aux ouvriers et travailleurs aux abois.
Vogue la galère, certes, avant qu’elle n’échoue sur l’inévitable roc de la résistance populaire.

18-8-09
Franck Laraque
Professeur émérite, City College, New York

Tuesday, September 1, 2009

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Saturday, June 13, 2009

Les pays pauvres et l'ogre

Les pays pauvres et l'ogre, par Lyonel Trouillot, professeur de littérature et journaliste.

Les Etats-Unis ! Je ne parle pas ici des individus qui, en tant que tels, ne sont ni pires ni meilleurs que les autres humains, mais d'une machine à protéger les intérêts du capital. Je parle de l'Etat dont on oublie, depuis que certaines gauches refusent d'être à gauche, d'analyser les fonctions, l'une de ces fonctions restant d'être le bras armé et l'instance de structuration de l'organisation sociale et du partage inéquitable des richesses. Dans mon vécu de citoyen haïtien, c'est d'abord cela, les Etats-Unis : l'Etat américain dans l'exercice de ses fonctions traditionnelles, à savoir défendre des intérêts et en combattre d'autres.

Comment oublier une occupation de dix-neuf ans (1915-1934) justifiée uniquement par l'appétit impérialiste ? Occupation qui eut pour résultat la mise à mort de la production agricole du pays et le renforcement du sous-racisme local. Comment oublier le soutien à la dictature des Duvalier qui assassina tranquillement des milliers de jeunes Haïtiens ? Comment ne pas partager la colère et l'ironie du poète qui criait :
"- Yankee de mon coeur qui boit
mon café et mon cacao
Yankee de mon coeur qui entre
dans ma case en terrain conquis..."

Ce fut cela, hier. Et aujourd'hui comme hier : l'aide sous condition, les relations de dépendance et d'exploitation en connivence avec des secteurs aliénés et corrompus de la bourgeoisie locale. Et puis, actuellement en cours sans la moindre retenue, la mise sous tutelle de l'imaginaire par l'invasion des sectes qui, sous couverture évangélique, prêchent obscurantisme et individualisme, attaquent les artefacts et les symboles de la culture populaire : le vaudou, nos légendes, nos danses...

Comment oublier enfin que, au moment où j'écris cet article, se déroule à Port-au-Prince - capitale de mon pays, Haïti - un festival international de jazz qui ne recevra pas de musiciens cubains, entre autres raisons parce que l'ambassade des Etats-Unis, partenaire du projet, s'est opposée à leur venue ?

Pour un petit pays, pour les faibles et les pauvres, l'Etat américain, c'est un ogre. Il faudra plus que l'arme de la rhétorique et un Noir à la Maison Blanche pour changer les faits et l'image.

Cela dit, comme des millions de personnes de par le monde (sur tous les continents, Barack Obama avait été "élu" bien avant le 4 novembre 2008, et à une majorité de loin plus écrasante que celle que lui accordent les résultats officiels du scrutin), je suis encore sous l'effet de la bonne surprise du résultat de l'élection présidentielle américaine. Il n'est guère coutumier que les élans instinctifs comme les positions réfléchies des Etats-Unis coïncident avec les rêves du reste du monde.

Le monde (l'Occident non compris ; disons : la droite de l'Occident non comprise) a déjà voté plus d'une fois contre beaucoup de choses (contre, par exemple, des guerres aussi bêtes que meurtrières ; contre l'appui inconditionnel à des alliés qui se sentent toujours dans leurs droits, indépendamment de la violence et de la démesure de leurs actions ; contre l'association de deux tyrannies telles que la bondieuserie et le capital) sans que les Etats-Unis n'en tiennent compte.

Je devrais être content, puisque les électeurs américains ont fait, pour cette fois, cause commune avec moi et le reste du monde.

Hélas. Tant de manifestations de joie et de déclarations versent sans s'en rendre compte dans le culte de la personnalité. "Homme fort", "voix chaude"... J'entends beaucoup plus parler de l'ascension de Barack Obama, de sa personnalité, de ses démêlés avec la cigarette, de sa taille et de ses enfants que de son idéologie politique. Pourtant, lui parle une langue claire, articulée, et définit les contours de l'action politique et sociale qu'il entend mener. N'est-ce pas de cela qu'on devrait discuter ? N'est-ce pas ce qu'on devra bientôt subir ou applaudir ?
Et quel "infantilisme" dans cet "on a gagné" qui envahit les rues du monde. En particulier dans ce désir occidental, européen, de transformer l'élection d'un "Noir" ou d'un "métis" (intéressant que les deux termes soient utilisés pour parler du même homme) en une nouvelle béatitude.

Attitude qui n'est pas sans avoir de similitude avec une aspiration individuelle et collective à la bonne conscience, un spectacle pour l'oubli, exactement à la manière dont l'adoption d'un enfant noir ou "le souhait d'avoir un petit-fils métis" peuvent créer l'illusion d'en avoir fini soi-même ou de vivre dans une société en ayant fini avec le racisme et l'inégalité.
Si Barack Obama est sans doute le Noir (ou le métis, tout dépend de qui parle) le plus visible et le plus puissant de la planète, dans la hiérarchie mondiale des races qui existe de fait, les Noirs ne sont pas soudain devenus les égaux des Blancs.

Il faudra pour cela que les richesses et le pouvoir d'agir sur le monde et soi-même soient mieux partagés entre la Grande-Bretagne et la Somalie, qu'on ne fasse plus de tri dans les crimes de l'Histoire qu'on veut bien regretter, que les vaccins et le repas du jour soient moins rares ici que là, que tous les savoirs et toutes les cultures se rencontrent et se fondent en biens communs.

L'élection de Barack Obama est un heureux événement, et marque sans conteste une avancée; elle n'annonce pas pour autant une révolution, et ne signifie pas la fin de l'injustice et du racisme ni aux Etats-Unis ni dans le monde. L'infantilisme jubilatoire libère sans doute des fantasmes (exotisme "couleur café" chez les Blancs ; illusion identitaire pour cause de ressemblance chez les Noirs) sans forcément aider à penser le réel, le possible, les limites du possible. Or l'urgence n'est-elle pas, toujours, de penser ?

Barack Obama offre pourtant des pistes pour penser. Il tient un discours exprimant des préoccupations universelles. Il est pour cela en rupture avec la rhétorique divisant le monde en alliés et ennemis des Etats-Unis, et il ne se donne pas le droit de cautionner ou d'ordonner tout et n'importe quoi au nom des intérêts et de la puissance de son pays.

Il était jusqu'ici imprévu qu'un être humain puisse, à Port-au-Prince ou à Kinshasa, se retrouver dans les mots d'un président américain. Cela peut signifier deux choses : soit que l'empire, assuré de sa puissance et de son essence immuable, a décidé de se payer une nouvelle apparence, quelque chose qui serait de l'ordre de la chirurgie esthétique.

Soit que l'empire, sous le poids de ses contradictions internes - non dans le légendaire isolement de ses avant-gardes humanistes, mais de manière plus collective -, a enfin atteint l'âge des Lumières, ce qui constituerait un beau revers de l'Histoire à l'heure où, par rapport aux Lumières, d'autres pays semblent faire marche arrière. L'Etat américain et l'extrême droite bondieusarde ont toujours semblé vivre en deçà des Lumières. Et voilà que le porte-parole attitré de l'empire parle comme un citoyen du monde et non comme un géant barbare à la fois gendarme et conquérant, pasteur et prédateur.

La présidence de Barack Obama est porteuse de dangers, comme toute chose en laquelle s'activent l'ancien et le nouveau.

Du côté de l'ancien : pour l'instant, à part quelques mesures répondant à l'abc de l'humanisme, la victoire de Barack Obama n'a qu'une valeur symbolique pour les oubliés et les citoyens de seconde zone que sont les Noirs aux Etats-Unis et les populations d'un grand nombre de pays. Il ne suffit pas d'une origine, d'un effet de représentation pour que les conditions générales d'existence des populations changent.

La couleur n'est pas un mérite, et l'on voit bien l'extrême droite américaine dire : "voyez, nous sommes tous égaux ici (et dans le monde)", alors même que les conditions de vie des oubliés du capital ne changeraient pas vraiment, et que cette même extrême droite combattrait farouchement tout projet de changement réel. Barack Obama, malgré lui, pourrait vite être réduit à un mirage.

Du côté du nouveau : il est aussi envisageable que Barack Obama veuille sincèrement "humaniser" l'empire. Or "l'humanisation" de l'empire conduira forcément à sa mise en danger. Les Etats-Unis ne sont possibles que comme ils sont, en s'imposant comme ils le font. Faire des Etats-Unis un pays comme les autres. En faire un pays frère. Moins américain. Plus humain. Et humain veut dire faible. C'est une faiblesse humaine d'être humble et solidaire. Cette mise en danger-là n'est pas pour me déplaire.
________________________________________
Professeur de littérature et journaliste
Militant haïtien pour la démocratie dans son pays et auteur de recueils de poésie et de romans dont "Les Enfants des héros" (2002) ou "L'amour avant que j'oublie" (2007) chez Actes Sud et de l'essai "Haïti, repenser la citoyenneté" (Haïti, solidarité internationale, 2003). Il a publié en 2008, avec Sophie Boutaud de La Combe, "Lettres de loin en loin : une correspondance haïtienne" (Actes Sud).

Thursday, May 28, 2009

Haitians in Miami

Haitians in Miami

According to the Miami-Herald archives, Haitians started immigrating to the United States in the early 1800s, but did not receive much attention until the 1950s and early 1960s when Haitian immigration to the U.S. began to increase visibly.
The U.S. Immigration and Naturalization Service reported that between 1931 and 1940, there were only 191 legal Haitian immigrants in Miami. In contrast, between 1961 and 1970, there were almost 35,000 legal Haitian immigrants. There are no Haitian immigration statistics before 1932 because Haitians, were classified as Caribbean immigrants.
The U.S. Census Bureau, reports that 4.2% of the Miami-Dade County population was Haitian in 2000, making them the second largest immigrant group in the county after Cubans.
Those who immigrated to the U.S. in the 1950s and early 1960s were professional and highly-skilled workers, the Haitian educational and economic elite that were exiled by Duvalier. The second wave of immigration occurred in the mid 1970s. These immigrants belonged to the lower-middle class. The mass Haitian immigration to the U.S. in 1979 coincided with the Mariel boatlift in Cuba, which allowed Cubans to freely immigrate to the U.S.. Haitians joined the Cubans in their mass immigration to the U.S.. These Haitians were mostly poor peasants with agricultural work experience and were from rural and urban areas, the Artibonite Valley, and the north of Haiti especially Port-de-Paix. These immigrants were known as the Haitian Boat People. In 1986, another mass immigration to Miami from Haiti took place when the oppressive Duvalier dictatorship ended. Miami was overwhelmed by the number of Haitian immigrants and unwilling to accommodate them, so they were relocated to other towns.

Haitian nationals were not welcomed to Miami like the Cubans were. They were not given automatic status, nor were they do depend on the various services, such as housing, food, education and health care, that were afforded to other immigrant groups.
After President Jean Bertrand Aristide was overthrown in 1991, another wave of Haitians came to the U.S., many of which were repatriated, as immigration law does not include any other nationality within the ‘wet foot/dry foot policy’ except Cubans.
Haitians also immigrated to Miami from Canada and the Northeastern U.S., in order to escape cold weather and find a climate and lifestyle more like those of Haiti. State Representative Philip Brutus explains the optimistic philosophy of Haitian immigrants: Being from Haiti, we always believed that in America, if you work hard and play by the rules, you could accomplish anything.
For the most part, Haitians in America have made great accomplishments and have contributed to the societies in which they live. They have brought the cultural to Miami.
Elisabeth A. Dorsette-Gauthier

Monday, May 25, 2009

Haïti-République Dominicaine

Haïti-République Dominicaine

Haiti-République Dominicaine(l937-2007) Fondamentalement, rien de changé



Ma volonté est de travailler à une solution scientifique du problème haitien et non de la résoudre par des phrases( Jacques Roumain « Lettre à Léon Laleau » in Léon-François Hoffmann Jacques Roumain Oeuvres complètes)







Les beaux discours creux, les éloges des flagorneurs,les courbettes des mignons, les cérémonies et réjouissances publiques de circonstance, les liens fraternels, ne peuvent pas changer la dure réalité des faits. Ils tentent vainement de l'occulter, de l'escamoter Le sort des ouvriers haïtiens dans les bateys et les plantations en République Dominicaine

de l937 à 2007, fondamentalement ne s'est pas amélioré.

A similarité des situations, similarité des réponses .

Similarité des situations

Jacques Roumain, dont on galvaude le message, a publié, en l937, son article « La Tragédie Haitienne » dans la revue « Regards. » . Roumain et Pierre Saint-Dizier, gérant de la revue, sont arrêtés et inculpés d'outrage à un Chef d'état étranger, en avril l938. à la suite d'une plainte de la légation dominicaine à Paris. En décembre, après plusieurs ajournements, ils sont condamnés à l5 jours de prison avec sursis( suspension de l'exécution de la peine) et à 300 francs d'amende. Ils ne sont pas emprisonnés.

L'article de Roumain porte en exergue ce passage d'un article de Léon Laleau, alors ministre plénipotentiaire et commissaire général d'Haiti à l'Exposition de Pais, paru dans « Continent » ( novembre l937 ) :



La vie (en Haiti) esr simple, amusante, souriante. L'étranger y éprouve la sensation que c'est peut-être l'un des rares pays civilisés où les problèmes économiques et la lutte pour la vie n'ont pas cette acuité carnassière qui imprime à certaines parties du monde le redoutable aspect de la jungle, une nuit où les fauves ont faim.



Après avoir dénoncé le fait de « présenter comme un reportage véridique un conte à dormir debout, né d'une fantaisie délirante », Roumain décrit ainsi l'horrible massacre des travailleurs haïtiens en République Dominicaine ordonné par le dictateur Rafael Léonidas Trujillo y Molina :

Des milliers d'Haitiens,cultivateurs paisibles, vivent en territoire dominicain, le long de la frontière. Ils sont assaillis par des bandes, saoules de meurtres, conduites par des soldats. Ceux qui ont tenté de fuir sont traqués, cernés,arrêtés, conduits à l'abattoir pour plus de commodité, à l'intérieur de forteresses et de camps militaires , massacrés, et leurs cadavres jetés aux requins.

Les cases flambent. Dans les bois et les savanes, c'est une affreuse curée : les machettes achèvent sur les femmes, les enfants, les blessés, l'oeuvre des fusils et des armes automatiques



De l938 à 2007, il n'y a plus eu de tels massacres programmés et généralisés. Mais des assassinats sporadiques de nombreux Haïtiens dans les bateys, les plantations des militaires dominicains le long de la frontière ou à l'intérieur du pays, qui n'ont fait l'objet d'aucune enquête de la part des dirigeants dominicains, ainsi que le refoulement unilatéral de centaines d'Haitiens. Certains d'entre eux nés en R D ne bénéficient pas de la nationalité dominicaine.

Situation dans les bateys

Sucre Amer : Esclaves aujourd'hui dans les Caraïbes de Maurice Lemoine publié en l981, traduit en anglais sous le titre : Bitter Sugar Slaves Today in the Caribbean, l985, raconte avec photos à l'appui le calvaire des travailleurs haïtiens recrutés en Hait, envoyés dans les bateys dominicains où les attend un sort semblable à l'esclavage d'antan, sauf que les chaînes physiques n'existent plus et que des gages dérisoires ont tremplacé la main-d'oeuvre servile.



Similarité des réponses

Mais l'horrible méfait ne s'arrête pas là ; Il faut trivialiser, banaliser les tueries. Jacques Roumain poursuit :

Quand le gouvernement dominicain se décida à mettre fin au carnage, quatre à cinq mille paysans et chômeurs haitiens avaient péri. C'esr ce que, interrogé par les journalistes, le représentant diplomatique de Trujillo à Washington, l'honorable senior Pastoriza, a appelé un incident sans importance. (c'est nous qui soulignons)



En fait, on estime à plus de l0,000 le nombre des victimes haitiennes. En somme, un massacre sans importance, quel que soit le nombre des tués, qui ne sont d'ailleurs que des nègres. Quand, en Haiti, les derniers engagés, à l'expiration de leurs contrats de six mois, sont devenus des colons, quand a commencé l'importation massive des esclaves noirs que les esclavagistes ont déclaré être « nés pour l'esclavage », l'esclavage des Aficains noirs est devenu permanent. Plus aucun blanc n'a été esclave alors que le mot esclave vient du fait que « les premiers captifs slaves vendus appartenaient à la nation des Esclavons, peuple de l'est de l'Europe subjugués au Xe siècle par l'empereur Othon le Grand ». C'est pouquoi l'expression « esclaves noirs »forme « un assemblage de mots un peu paradoxal » (Historiographie d'Haiti, p 26) De même que Bellegarde dans L 'Histoire du Peuple Haitien p.22 nous apprend que : « Ils ( les boucaniers) eurent bientôt besoin de bras ; ils prirent à leur service des aventuriers ou des « sans-travail », qui s'engageaient par contrat à travailler pour une période de trois ans ou trente-six mois. Ce furent les engagés, de véritables esclaves blancs » Ainsi donc la permanence de l'esclavage des noirs et l'exclusion des blancs de la servitude ont donné lieu à ce que nous appelons « la racialisation de l'esclavage » Suivra plus tard le processus de la racialisation de la main-d'oeuvre au plus bas prix . Le principe de la main-d'oeuvre bon marché est préconisé par la globalisation comme l'avantage comparatif des pays Sud.

Roumain ne s'arrête pas en si bon chemin. Il fustige la complicité du silence de Vincent « compère en dictature de Trujillo » et dont le gouvernement est « le pourvoyeur de la tuerie d'octobre.... qui réserve à ses favoris le bénéfice d'un trafic qui n'est autre chose qu'une traite de nègres déguisée » De plus, Vincent par « sa polique néfaste est l'organisateur de la misère du peuple Nous savons bien que sa politique n'a fait qu'accentuer une crise économique initiée dès l9l5 par la pénétration économique capitaliste créant la spoliation des terres des paysanns acculés à abandonner leurs champs pour servir de main- d'oeuvre à bon marché pour les plantations de cannes à sucre à Cuba et en RD. La fermeture des ports de provinces, la lourde fiscalité sur les produits agricoles, les salaires dérisoires payés par les compagnies étrangères ont contribué à maintenir la saignée migratoire à destination de la RD

Examinons rapidement les actions gouvernementales en Haiti qui ont suivi la voie tracée par Vincent

En l938, Vincent a honteusement accepté les sept cent cinquante mille dollars américains offerts par Trujillo à titre de dédommagements pour le massacre., Cette somme n'a jamais été versée en totalité. Lescot, à sa prestation de serment comme président, clame que la RD est une alliée naturelle. Cela n'empêchera pas le criminel Trujillo de contribuer au renversement de Lescot. Fait plus grave pour les paysans, Lescot accorde à la Shada à bail et pour une durée de 50 ans, cent cinquante mille acres de terre et l'autorisation d'exproprier les paysans, de détruire leurs plantations de denrées d'exportation, d'arbres fruitiers et de vivres alimentaires. Le gouvernement des Duvalier devait faire encore plus de mal aux paysans. Les archives de la ..:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" />CIA révèlent « qu'en l966 le président dominicain versa sur le compte personnel de François « Papa Doc » la somme de 900,000 dollars, à raison de de 20 dollars par tête, pour un contrat consistant en l'envoi de 40,000 coupeurs de canne haitiens en Rèpublique dominicaine et assurant leur retour subséquent en Haiti » (Editorial, Melodie l03.3 FM, Port-a-Prince) « La révolution politique » du père provoque la migration massive des paysans ou le phénomène des boat people et le phénomène des bidonvilles où s'entassent des ouvriers et des paysans haitiens, devenus « des réfugiés » dans leur propre pays . Deux phénomènes que « la révolution économique » du fils porte a l'extrême par la destruction des cochons haïtiens, les factories d'asssemblage et la réduction des taxes à l'importation. Cette susbstantielle réduction du tarif douanier continue avec les gouvernements postérieurs, de 30% à 3% Une politique fiscale qui a grandement contribué à la sérieuse diminution des produits tels que le café, le cacao le riz, le maïs, le sucre et autres produits vivriers et denrées d'exportation en faveur de l'importation des produits étrangers particulièrement américains.

L'introduction des zones franches dans la fertile plaine de Maribaroux exproprie les paysans au profit des factories des corporations américano-domicaines.La privatisation des entreprises publiques a jeté sur le pavé des centaines d'ouvriers et prive l'état de fonds indispensables pour des programme d'éducation, de santé, de développement économique et la rénovation de l'agriculture. Seule demeure l'option de la charité des pays amis.



En conclusion, nous mentionnons avec fierté deux extraordinaires défenseurs, en l937 et en 2007, des droits humains des ouvriers et travailleurs haitiens en République Dominicaine : Jacques Roumain et Sonia Pierre

Sa santé ébranlée après quatre incarcérations dans des cachots insalubres, deux sous l'occupation et deux sous Vincent dont il avait fait la campagne électorale et prédit la dictature ainsi que la probabilité d'une nouvelle occupation dans les quarante ans, Jacques Roumain , part pour l'exil en août l936. Il se rend a Bruxelles, puis à Paris. C'est dans cette dernière ville qu'il apprend le massacre des Haïtiens en RP et qu'il écrit son article « La Tragédie Haitienne » qui lui vaut, comme décrit plus haut, une condamnation à une amende de 300 francs d'un tribunal parisien. Il avait montré la culpabilité de Trujillo et de Vincent. Celui-ci avait gardé le silence et laissé le soin de la sale besogne à celui-là qui avait porté plainte.

En 2007, à l'exemple de Roumain, une Dominicaine, d'origine haitienne , vivant en RD, brave les autorités de ce pays et défend les droits des Haitiens que l'on tue dans les bateys et plantations qui ont des moulins : à broyer de la canne

et le coupeur de canne avec

à broyer les produits du labeur

et les producteurs avec

à broyer la force de travail de l'homme

et l'homme avec ( Paul Laraque in « Don Quichotte »)



Malgré les intimidations et menaces de toutes sortes, dont la perte de nationalité par la Chancellerie dominicaine, elle ne démord pas. Elle s'appelle Sonia Pierre. Elle est dans la réalité ce qu'est Annaïse, personnage fictif de Roumain dans Gouverneurs de la Rosée. Comme Annaïse, la veuve de Manuel, Sonia « porte demain ». Mais qui fait le rapprochement de ces deux héroïnes, l'une réelle, l'autre fictive, lorsqu'on commémore en grande pompe le centième anniversaire de naissance de Jacques Roumain à Santo Domingo. On doit dit-on, réparer l'action injuste de Trujillo tout en ignorant que Roumain défendait le sort inhumain des paysans agricoles en RD non pas sa propre personne. Or, Jacques Roumain est la carnation ou la réincarnation d'une « idée-force » contre l'occupation, le colonialisme, le néo-colonialisme, la dictature l'impérialisme.Cette même idée –force qui, de l492 à nos jours, traverse l'histoire de notre pays. Comme nous l'avons dit ailleurs ,de l492 à l920, elle adopte la lutte armée comme stratégie. Elle est tout à tour incarnée par Caonabo, cacique Henri, Boukman, les marrons, Toussaint, Dessalines et les autres héros de l'indépendance, Acaau, Charlemagne Péralte et Benoît Batraville. A partir de l929, cette idée-force incarnée par Roumain et le mouvement patriotique adopte une nouvelle tactique - la grève et les manifestations de rue – utilisée avec succès contre l'occupation et des dictatures .La cause que défendait Roumain en l937 et que défend aujourd'hui Sonia Pierre demeure néanmoins « un incident sans importance »

Il faut, à l'occasion du centième anniversaire de naissance de Roumain, que les forces saines d'Haiti et de la diaspora se solidarisent avec Sonia Pierre.et mettent également sur pied un programme structuré pour la libération du pays sans retomber dans l'anarchie.

Au fond, il est évident que la misère et l'oppression des masses en Haiti les contraignent à s'enfuir dans l'espoir d'un sort meilleur. C'est donc en Haiti qu'il faut mettre fin à leur misère et à leur oppression.



26 Juillet 2007 Franck Laraque

Professeur émérite,City College, NY

Il n’y a pas de bons Duvaliéristes

Il n’y a pas de bons Duvaliéristes


Il n' y a pas de bons duvaliéristes, comme dirait Jean- Paul Sartre. Ni aujourd'hui, ni hier. Ils ne sont pas tous des tontons-macoutes, des criminels, des meurtriers qui ont tué de leurs propres mains des milliers d'innocents. Mais ceux qui n'ont pas renié le duvaliérisme, ni n'ont pas eu le courage de se repentir, de faire amende honorable ne sont pas moins coupables. Ils se rangent parmi les architectes des structures duvaliéristes, les ordonnateurs d'exécutions sommaires, les complices des semeurs de mort par leurs machinations, leur silence , leur tacite ou exaltante justification. Il suffit de se rappeler les vingt- neuf années de règne du sida duvaliériste qui a décimé la population, déstructuré l'économie, dépouillé le Trésor Public. Terrorisme d'Etat créé ou encouragé par la démocratie américaine, non seulement en Haïti avec les Duvalier, mais aussi en République dominicaine avec les Trujillo, à Cuba avec les Batista, au Nicaragua avec les Somoza, au Venezuela avec les Jimenez, au Paraguay avec les Stroessner, au Guatemala avec les Montt et Armas, en Argentine avec les Videla, en Colombie avec les Pinilla et Uribe, en Bolivie avec les Banzer. Le grand démocrate des quatre libertés, le Président Franklin Delano Roosevelt n' a-t-il pas dit au sujet de l'un d'eux ce qu'il aurait pu dire au sujet de tous : « He is a son of a bitch but he is our son of a bitch C'est un fils de pute mais c'est notre fils de pute » ?



Ce terrorisme d'Etat est trop connu pour en faire ici la longue liste de déprédations et d'assassinats. Quelques titres suffisent pour en révéler l'horreur : les Cagoulards, les tonton- macoutes ou prétendus volontaires de la sécurité nationale, les « disparus » sans laisser de traces, le drapeau noir et rouge , l'uniforme bleu et le foulard rouge, les boat- people, les bidonvilles, la révolution politique du père et la révolution économique du fils( pitit tig se tig), la tuerie des cochons créoles, la vente de la force de travail des ouvriers haïtiens en République dominicaine... Mais aujourd'hui ce qui nous préoccupe : le processus d'abolition de la mémoire populaire dont nous mentionnerons les artisans. Heureusement qu'il existe aussi des gardiens vigilants de cette mémoire.



Artisans de l'abolition de la mémoire



Un peuple sans mémoire ou démémoiré est condamné à répéter les mêmes erreurs, à subir les mêmes dictatures du passé. C'est la mission que s'assignent les intellectuels, jouisseurs du terrorisme d'Etat duvaliériste lorsqu'ils faisaient partie de la camarilla qui empochait les fonds publics avec droit de vie et de mort sur la population. Racine dans Britannicus (une tranche d'histoire que le jeanclaudisme reflète) montre comment des courtisans peuvent sur le coup changer de visage : « Mais ceux qui de la cour ont un plus long usage/ Sur les yeux de César composent leur visage ». Ainsi, témoins de l'empoisonnement de Britannicus par Néron, ils se changent en complices



Les vendeurs de sang, de cadavres, et leurs acolytes forment un peu partout de petites cliques qui perpétuent le souvenir de l'ère duvaliériste. Les intellectuels ne se contentent pas de composer un nouveau visage. Sous forme de roman ou d'essai, ils falsifient l'histoire, désarticulent la vérité, forgent l'image d'un François justicier et leader international , d'un Jean-Claude, jeune rénovateur, banalisant crimes et vols des fonds publics. La résurgence du duvaliérisme en Haïti est leur objectif . Le gouvernement Fanmi Lavalas et l'OPL ont contribué à cette résurgence en intégrant dans leurs rangs des duvaliéristes notoires. Un centre François Duvalier est fondé en Haïti sans aucune protestation des organisations populaires autrefois activement antiduvaliéristes. Les journaux collaborationnistes se taisent, acquiescent. « Le Nouvelliste » ouvre ses colonnes à Bennett qui s'est enrichi scandaleusement au cours de la dictature de son gendre Jean-Claude Duvalier. Mais il y a pis. Des journalistes, victimes du duvaliérisme, tombent dans le panneau. Mélodie 103.3 FM , un programme radiodifusé, reproduit dans « Haiti en Marche » 6 août 2008 exorcise Dadou Berrouet. En effet, Mélodie lui reconnaît des péchés mignons : « Il a porté l'uniforme VSN, communément appelé « tonton macoute ». Il a été assistant commandant de la prison secrète ( la Bastille) du régime où des milliers d'opposants ont perdu la vie. Il sera plus tard ministre de l'intérieur et de la défense nationale , et ministre de l'agriculture sous le gouvernement de Jean-Claude Baby Doc Duvalier ». Pas plus que ça. C'est pourquoi : « Les gens ( qui ont perdu la mémoire) lui témoignent le même respect et même au fur à mesure presque de l'affection ». Notre ami et brillant pamphlétaire Fanfan Latour ajouterait fort à propos : Se tròkèt la chay la dèyè ». Le cœur gros, nous lisons un peu plus loin ; « … il existe aujourd'hui, en effet, une certaine nostalgie de l'ère de Papa Doc … A son avis, Duvalier a sauvé Haïti en la sortant de sa manière sauvage de concevoir et de faire la politique. Sauvage. Tribale. Egoïste… Dadou a dû plus d'une fois penser que seul Duvalier avait raison. Comme pour beaucoup d'entre nous aujourd'hui. Même pour certains à leur cœur défendant…. Le duvaliérisme avait une chance de se racheter comme le balaguérisme et avant lui le trujillisme. Il l'a raté. » La solution logique semble être : ce qu'il faut au pays, c'est un nouveau Duvalier qui termine son règne comme Balaguer et Trujillo. Dieu merci! Nous voulons bien croire que l'animateur de Mélodie, lui-même une victime du duvaliérisme, face à la révoltante et chaotique conjoncture de notre malheureux pays s'est bourré en laissant les mots dépasser sa pensée. Qu'il se ressaisira et dissipera tout malentendu.



Les gardiens vigilants de la mémoire populaire



La littérature révolutionnaire de l'époque (poèmes, romans, essais, musique, pièces de théâtre)

à l' unisson avec l'action des masses mobilisées en grande partie par la théologie de la libération a été d'un grand apport dans le renversement de la dictature satanique des Duvalier. Le peuple a fait consacrer le rejet de cette maudite idéologie dans la Constitution de l987 . L'article 291 prescrit que toute personne notoirement connue pour avoir été par ses excès de zèle un des artisans de la dictature et de son maintien durant les vingt-neuf(29) dernières années ne pourra briguer aucune fonction publique durant les dix(10) années qui suivront la publication de la Présente Constitution. Il en est de même pour toute personne ayant torturé les prisonniers politiques ou commis des crimes politiques. Ces prescriptions nous indiquent la voie à suivre pour prévenir le retour de toute dictature, particulièrement le duvaliérisme. L'un de ces moyens consiste dans la réminiscence des tortures , assassinats de l'ère duvaliériste. Beaucoup d'écrits de nos compatriotes sont consacrés à cette tâche patriotique Il nous est impossible de les inclure tous dans le cadre restreint de notre article. Nous citerons quelques- uns qui nous semblent les plus appropriés. Leurs auteurs, nous les appelons les gardiens vigilants de la mémoire populaire. Dans le domaine de la chronique de la vérité historique : Albert Chassagne , Patrick Lemoine et Frantz Latour .,Dans la fiction( le roman) : Marie Chauvet et Marie-Célie Agnant.



Albert Chassagne, dont le frère ainé Roland, poète talentueux et capitaine retraité de l'Armée, a été arrêté et « disparu », « désireux de parler pour que tout soit su » a recueilli le témoignage de duvaliéristes présents au cours des arrestations, tortures et mises à mort des familles jérémiennes et écrit Bain de sang en Haïti. 1. Ces Vêpres Jérémiennes ordonnées par François Duvalier et exécutées en 1964 par ce que Chassagne appelle un aréopage macoutard composé de Jacques Fourcand, Pierre Biambi, Sanète Balmir ( fillette- lalo), Capitaine Abel Jérôme, Saint-Ange Bontemps, Sony Borges, officier de l'Armée, Raoul Cédras (père du Générél Cédras), pour ne citer que ceux-là. Les familles Villedrouin, Drouin , Sansaricq, Guilbaud, soit vingt- sept innocentes personnes, ont été humiliées, torturées, assassinées. Parmi elles, une octogénaire, une folle, des enfants âgés de deux à six ans. « À la caserne, Abel Jérôme exige que les prisonniers se dévêtent et complètement.(page 15 )… Les filles de Louis Drouin se heurtent à leur père qui a longtemps déjà perdu conscience. Toujours nues dans leur cellule, les deux reposent la tête ensanglantée de leur père sur leurs jambes.- Papa, papa ! Mais Louis Drouin ne répondra jamais plus » (p.16). La femme de Gérard Guilbaud « Alice Drouin git déjà près de lui. Alors à bout portant une balle lui est logée dans la tête. Gérard Brunache, à mi-chemin entre l'homme et l'animal, lui plante un poignard dans le cœur. » (p.17). On n'est pas encore au comble de l'horreur. « Le mouchoir offert est une cigarette allumée, éteinte par Sony Borges dans les prunelles de l'enfant. Puis Gérard Brunache, soulevant le bébé par le bras, lui enfonce un stylet dans le ventre. Un cri violent, puis un soupir, puis plus rien. Stéphane a passé. Et la brute Sony Borges de s'exclamer : « Pitit la tòdye tan kou yon vè (l'enfant s'est tordu comme un ver)° (p.23).



Les écrits des autres auteurs cités plus haut se vendant dans les librairies, nous en donnerons brièvement les lignes générales et exhortons le public à les acheter pour en propager les idées saines et progressistes.

Parick Lemoine, arrêté et emprisonné le 2 décembre 1971 est libéré le 25 Septembre 1977. Il publie Fort Dimanche Fort- la- Mort .2 Il n'a pas écrit pour tirer gloire de son courage durant ces années dans l'enfer carcéral duvaliériste. Il a préféré une autre voie plus noble et plus digne. Dans les chapitres : Pris dans l'engrenage, La chute dans les ténèbres, Fort Dimanche l'enfer, De nouveau dans les Casernes, il montre le mécanisme du terrorisme duvaliériste. Comment ce terrorisme choisit ses victimes, fabrique des conspirations et force les accusés à admettre leur culpabilité au cours d'interrogatoires accompagnés d'inimaginables souffrances afin de les envoyer à Fort Dimanche. Fort Dimanche le lieu de supplices et d'exterminations. Les bourreaux habillés en uniforme militaire ont pour mission d'affamer les prisonniers, de les martyriser en inventant les tortures les plus sophistiquées dont l'objectif est de détruire le physique, la volonté de résistance, d'acculer au désespoir, au suicide. Jusque dans leurs cachots des duvaliéristes, prisonniers eux aussi, les poursuivent de leur haine, les espionnent et les dénoncent. Dans un capharnaüm d'immondices, d'urine, qui sert parfois de désinfectant, de matières fécales, où sont tombés, sans se rendre, des compagnons emportés par la tuberculose, l'épuisement l'inanition. Patrick et ses compagnons morts ou survivants représentent l'esprit de la résistance inébranlable, de la liberté séquestrée, un superbe défi en plein enfer à l'oppression et au terrorisme d'Etat . Un jour, la communauté de la diaspora et le peuple haïtien, reconnaissants, leur rendront le bel hommage auquel ils ont droit.



Frantz Latour, à la prose intarissable qui coule de source, écrit trois articles importants dans l'hebdomadaire « Haïti Liberté. »3 Nul mieux que lui n' a compris l'obligation de conserver la mémoire des combats menés par des lutteurs célèbres ou anonymes en Haïti et ailleurs pour la défense des intérêts des masses. Sa rubrique au titre suggestif « Devoir de Mémoire » manifeste la volonté de nous rappeler que nous n' avons pas le droit d'oublier. Que la fidélité à cette mémoire peut servir de lien à la solidarité nécessaire pour secourir le peuple haïtien livré aux affres de la pauvreté, de l'injustice et de l'inégalité. Il ne s'agit pas d'une lutte partisane mais d'un rassemblement d'individus, en dépit des divergences idéologiques non antagoniques, visant à libérer et à sauver Haïti. Mon ami, feu Jean F. Brierre me répétait : « Franck, pourquoi attendons-nous la mort d'un compatriote pour célébrer ses vertus ». J'en garde la mémoire.



Un intervalle de près de quarante années sépare les œuvres principales de Marie Chauvet (Amour , Colère et Folie, 1968)4 et de Marie-Célie Agnant ( Un alligator nommé R0SA, 2007)5 Deux romancières au talent remarquable et hardi qui n'ont pas hésité à s'attaquer à la peste duvaliériste. Le premier roman au duvaliérisme au pouvoir avec François et le second aux suppôts de l'enfer duvaliériste réfugiés dans les pays vraiment « amis » qui leur garantissent la sécurité et l'impunité.

La trilogie de Marie Chauvet, Amour, Colère et Folie publiée par Gallimard l' a rendue célèbre. Une célébrité qui a causé la colère de Duvalier, la dissolution de son mariage, son exil et sa mort hors du pays natal. Alors qu'un mutisme imposé par la terreur régnait sur tout le territoire, une telle alerte d'alarme défiait l'hydre. La fiction devient la réalité en cours . Point n'est besoin d'interprétation pour comprendre que les personnages ne sont pas fictifs, mais des tontons-macoutes se livrant à leurs activités coutumières. Dans Amour, Dora Soubirou est à demi estropiée par le commandant Calédu qui l' a cravachée tandis qu'elle était maintenue sur le dos par quatre mendiants pouilleux à qui il 'a ensuite livrée. Dans Colère, le chef des hommes en noir force Rose à se livrer à lui pendant trente jours dans une chambre tapissée de miroirs, les bras en croix et en silence. Dans Folie , le commandant Cravache menace Marcia qui se plaint d'avoir été violée ainsi que sa maîtresse Cécile : « Oublie ce que tu as vu, entendu en prison, si tu ne veux pas que je t'arrache la langue ». Marie Chauvet entend détruire le mythe de la femme qui dit non mais ne le pense pas et s'attend à être violée . Le dynamisme de la terreur est ralenti ou accéléré par des bourreaux qui changent seulement de noms( Cravache, le Gorille, Calédu), instruments d'un terrorisme qui s'éternise et crée partout des cellules d'incarcération. La maison des Normil (le pays) est entouré de pieux, des poètes se séquestrent dans leurs chambres ainsi que beaucoup de gens dans leurs maisons sans être à l'abri du kidnapping. Les mises à mort ne se contentent plus des cellules de prison et de champs clos, envahissent la rue. Jacques le fou est assassiné dans la rue. Au cours d'une procession le grand-père et l'enfant infirme sont abattus. Un affamé qui n'a pas le droit d'avoir faim est exécuté sur la place de Pétionville. Même les oiseaux aux ailes de liberté ne sont pas épargnés. La rue, lieu de circulation, devient un lieu où plus personne ne bouge. « Sak an wo

pa desann, sak an ba pa monte ». La paix des cimetières règne sur un pays zombifié.

Déjà trente-cinq années depuis que Marie Chauvet, qui dans son dernier roman, Les Rapaces, a repris son nom de jeune fille Marie Vieux, nous a quittés. Son admirable talent d'écrivain engagé nous la tient, devoir de mémoire, vivante dans notre cœur et nos pensées .



Marie-Célie Agnant connait à un très jeune âge, une existence tragique . Son père , dans le maquis, décide de venir saluer sa famille. Il est suivi par des tontons-macoutes qui l'emportent et le disparaissent à jamais. Une petite orpheline éplorée est adoptée, à l'encontre de ses protagonistes, par un deuxième père qui met tous ses efforts à lui faire oublier cette cruelle disparition. Il prédit qu'elle sera une femme de lettres. Et pour notre bonheur, une très grande femme de lettres. Inquiété par les allées et venues menaçantes des sbires, il décide bien qu'âgé de gagner l'exil avec sa famille.

Dans son roman Un alligator nommé R0SA, elle mentionne les « tontons- macoutes » , tels que

Cambronna, Benjalen Trélas, Jean Boivreau, Jean Remon Claude, Norcemer, Angelot Bontemps, Franco Nero ( dont les noms ou prénoms sont modifiés) « et cet animal malade, un nommé Daisir , qui s'acquittait de son travail de tortionnaire, coiffé de son chapeau melon, une bible dans la poche de sa veste. Entre chaque séance de torture, il récitait des psaumes.» (page 168) . Sans oublier ceux que le macoute, père de la fameuse fillette- lalo Marie Louise, appelait les lèche-bottes et les culs-offerts. Elle se concentre surtout sur Rosa Bosquet, dont elle donnera les détails de sa carrière de Chef Suprême des VSN et sur sa cohorte de reines-choches et de fillettes-lalo appelées ses Gazelles féroces. Sa fiction est bâtie sur le duel entre Rosa, réfugiée dans le calme d'un petit village au sud de la France, à la mort de François Duvalier, Antoine et Laura, tous deux rendus orphelins par cette même Rosa. Les réactions d'Antoine et de Laura différentes au début finissent par se concilier. Antoine Guibert a 10 ans mais en paraît cinq ou six, ce qui a aidé peut-être à épargner sa vie, est traumatisé à jamais par l'assassinat de son père et de sa mère aux mains de Rosa Bosquet. Puis, elle l'a vendu à Rébu, un colonel retraité. Cet officier change le nom de Guibert et Antoine est nommé Antoine Rébu. Plein de haine, il passe 40 ans à rêver de vengeance contre Rosa. Il a l'opportunité de se faire l'infirmier de Rosa Bosquet qui exagère sa maladie et ne pousse que des grognements. Il la traque, lui inflige toutes sortes de punitions afin de la faire avouer ses crimes par écrit dans l'espoir de l'utiliser dans tout procès contre elle . Un duel plus sourd et difficile survient entre lui et Laura empêtrée dans ses ambiguïtés causées par l'assassinat de ses parents par le Chef des VSN qui ne lui a pas ravi la vie et l'a adoptée, traitée comme sa propre enfant et pris soin d'elle. Le respect et l'adulation dont elle est l'objet ont dû avoir un effet sur une gosse vulnérable et confuse. Ce sentiment de reconnaissance envers un criminel endurci est éprouvé quelques fois par ceux dont la vie a été arrachée à la mâchoire de la mort. Ses hésitations sont vaincues par les dossiers prouvant le nombre d'assassinats commis par Rosa, les renseignements fournis par Marie-Louise la jeune fillette-lalo, entraînée comme tant d'autres par Rosa dans l'art de torturer et de tuer. D'accord sur l'indéfendable culpabilité de Rosa, Antoine et Laura décident de la mettre dans un mouroir, comme tant d'autres innocents agonisants. Marie Chauvet et Marie-Célie, nous exhortent à ne pas oublier ce régime infernal mais dont les crimes restent impunis dans ces romans et dans la réalité. La justice flotte dans l'air . Il incombe aux jeunes générations informées sur la vérité historique de ramener cette justice sur terre et de mettre fin à l'impunité.



Franck Laraque

Professeur émérite, City College, New York







Références



1 Albert Chassagne, Bain de sang en Haiti Texte polycopié sans date. 2ème publication in

En grandissant sous Duvalier. L'agonie d'un Etat-nation (dir.) Frantz Antoine Leconte. Edition Les marrons du Savoir et Harmattan ,1999.



2 Patrick Lemoine, Fort Dimanche, Fort-la-Mort. Port-au-Prince : Regain, 1976. Nouvelles publications : EU : Fordi9, 1997, 2006.



3 Frantz Latour, « Haïti Liberté » directeur : Berthony Dupont. Email : editor@haitiliberte.com.



4 Marie Chauvet, Amour, Colère et Folie. Paris : Gallimard, 1968.



5 Marie-Célie Agnant Un alligator nommé ROSA . Montréal : Les éditions du remue-ménage, 2007

Our Founder

Camille Gauthier is a community leader. He was born in Port-au-Prince, Haiti on December 21, 1929. He completed his elementary school in Jean Marie Guilloux, a Catholic school. He graduated from Petit Séminaire College St. Martial with a B.A. in Letters and Philosophy. He attended York College where he obtained a Certificate in Operating and Managing a Small Business; another one for Marketing for the Businessman and one in Financial Management for the Small Businessman. He worked for about eleven years for the National Bank of Haiti.

• He migrated to the United States in 1964 and established his home in New York where he began a new life. From 1964 to 1965, he worked at Gim Metal Products, Inc. as a Stock Clerk. From 1965 to 1969, he was employed at Bennet Brothers, Inc. as a File Clerk. He joined Irving Trust Company in 1969 as a Document analyst until he retired in 1988.

• His new life in New York did not prevent him from partaking in social and political activities of his homeland. In 1972, he founded the Toussaint Louverture Foundation, Inc. to help the newly-arrived Haitians in the United States, particularly in the New York metropolitan area, to better assimilate and to provide social services to underprivileged Haitians and others ethnic groups from the Caribbean area. He promoted retention of one's own culture and offered a forum through the Foundation whereby residents, public officials and educators conducted seminar sessions in order to better equipped them in overcoming obstacles and problems they faced.

• In 1988, he moved to Miami and created PANACEA, a quarterly multi-lingual magazine to educate its readers about socio-political and economic issues, culture, health and education.

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